Entretien avec Sophia Banks – Interview with Sophia Banks



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Entretien avec Sophia Banks – Interview with Sophia Banks

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Sophia Banks, qui est cheffe de cuisine, travaille présentement pour une organisation à Vancouver appelée Raincity en préparant des repas pour les résidents. Elle dit qu’elle apprécie l’organisation et le travail qu’elle y fait :

« Je suis beaucoup plus passionnée par la préparation de repas pour les personnes qui sont confrontées à des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et qui sont en logement de transition et en train de tenter de sortir de la rue”. Elle ajoute qu’elle trouve qu’il est vraiment gratifiant de faire quelque chose pour aider les gens qui l’apprécient. “Et avec la covid, une grande partie du monde s’est effondrée et il est vraiment bon de sentir qu’on fait partie de quelque chose d’utile ».

L’organisation est au service de toutes sortes de personnes, mais selon Banks, il y a aussi un fort pourcentage de personnes trans, un fait qui, selon elle, est “inévitable lorsqu’on travaille avec les gens en les aidant à sortir de la rue”. Fonctionnant selon le modèle de réduction des risques, l’organisation propose également des sites d’injection et dispose d’une unité spécifique pour les travailleurs.euses du sexe.

https://www.pivotlegal.org/stigma_and_criminalization_of_sex_work_facilitated_the_murder_of_marylene_levesque

Lorsqu’on lui demande comment le covid avait affecté son travail, et l’impact de la pandémie sur la pauvreté et les problèmes de toxicomanie, elle déclare :

« C’est absolument brutal, [les résidents] ne portent pas nécessairement des masques. Il n’y a rien que nous puissions faire à ce sujet, cela fait partie de la philosophie de l’organisation. Nous n’allons pas leur refuser de la nourriture ou quoi que ce soit. Il est donc certain que nous avons des problèmes avec les épidémies de covid dans ces endroits, ne serait-ce que pour l’absence de la distanciation sociale. Donc ça arrive, et je connaissais les risques avant de commencer mon emploi, […] mais heureusement, peu de membres du personnel ont été infecté.es jusqu’à présent, et Vancouver a donné la priorité à la vaccination des résidents du Downtown Eastside Vancouver (DTES) et des membres de nos systèmes. J’ai donc également été vaccinée, et je trouve donc formidable qu’il y ait eu une priorité sur la vaccination de personnes plus vulnérables […] Je pense que nous sommes vraiment en train d’échouer en termes d’aider les personnes des communautés les plus à risque, et juste les travailleurs.euses essentiels de première ligne comme les travailleurs.euses de la vente au détail et de l’alimentation, qui sont passé.es de héros à [être] les dernier à se faire vacciner pour la plupart ».

Banks souligne l’importance de la décriminalisation et de la réduction de la stigmatisation autour du travail du sexe. Elle dit qu’elle n’est pas sûre si les travailleurs.euses du sexe font davantage de « travail de rue maintenant en raison des restrictions liées à la covid [entre autres], mais il est certain que [le pénomène] est toujours là, les gens ne vont pas arrêter. C’est la réalité, ils doivent payer leurs factures, et les gens vont chercher leurs services et nous devons nous concentrer davantage sur la décriminalisation. [Nous pourrions avoir des tests rapides], et il serait juste plus logique à de nombreux niveaux de décriminaliser cette pratique et de protéger toutes les personnes concernées, car il n’y a rien de moralement mauvais dans [le travail du sexe], et c’est vraiment honteux de voir comment nous rejetons les gens dans ce genre de rôle et de nombreux travailleurs.euses du sexe transgenres finissent par faire du travail de survie et ne peuvent pas trouver de travail en raison de discrimination ».

Elle ajoute qu’un pourcentage de personnes dans leur système sont des personnes transgenres et des travailleurs.euses du sexe, qui consomment également régulièrement de la drogue « parce que, soyons réalistes, beaucoup de gens sont là cause de traumatismes et du manque de soutien quand iels étaient plus jeunes. […] c’est le fond du baril, lorsqu’on passe à travers toutes les mailles du filet. Et on souffre probablement de traumatismes importants dû à beaucoup d’abus ».

https://globalnews.ca/news/7423397/questions-remain-future-montreal-homeless-camp/

La pandémie a eu un impact important sur les personnes en situation d’itinérance, qui sont souvent victimes de mauvais traitements et de déshumanisation de la part d’autres membres de leur communauté. Banks déclare que “la situation s’est aggravée avec la pandémie, et nous voyons l’impact dans des villes comme Montréal, Halifax, Toronto, Vancouver, d’un océan à l’autre, littéralement des populations croissantes de personnes contraintes de vivre sous une tente, et de vivre dans des parcs, et ensuite leur communauté se retourne contre eux, et cette sorte d’agressivité à leur égard, et la déshumanisation. Ils disent : « On va les sortir et les mettre quelque part ! » Eh bien où […] allez-vous les mettre ? […] C’est tellement frustrant, parce que [beaucoup de personnes disent] « je ne veut pas d’eux dans ma communauté! Mais iels ne peuvent pas non plus être dans le parc! » Eh bien, où est-ce que vous voulez que les gens s’en aillent ? […] la réalité est que ces gens font partie de votre communauté. »

Elle dit qu’[Il semble que] les gens veulent prétendre qu’ils vivent ces petites vies fantaisistes, mais il y a des consommateurs de drogue tout autour de vous, vous savez, et des gens qui ont des problèmes de santé mentale, qu’iels aient un appartement ou soient sans abri. Nous devons vraiment nous rappelez que ces personnes sont humaines et qu’iels ont probablement vécu beaucoup de traumatismes et qu’iels méritent de la compassion, et non ce mépris. Elle poursuit en abordant l’argument des “aiguilles dans le parc”, qu’elle dit avoir entendu depuis les années 1980 ; « oui, c’est vrai, et les sites d’injection sûre empêchent cela, et aident le problème, […] et aident à reduire le nombre d’overdoses, surtout dans la crise actuelle au Canada. Les sites d’injection sûre permettent de garder vos quartiers plus propres. Car la réalité est que ces personnes seront toujours là, alors pourquoi ne pas s’assurer qu’il y ait moins de seringues dans le parc, pourquoi ne pas s’assurer qu’iels bénéficient d’un soutien et d’une aide, et qu’iels peuvent peut-être accéder à la réadaptation en toxicomanie, ou tout ce dont iels ont besoin. Et bien sûr, ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un approvisionnement sécuritaire ».

Banks souligne que « nous ne pouvons pas avoir de libération des personnes trans sans décriminaliser le travail du sexe, on ne peut pas avoir de libération trans sans garantir aux gens des salaires décents. Il y a beaucoup de pauvreté dans la communauté trans. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire “libération des personnes trans”, nous devons agir sur le terrain et trouver des logements, des revenus décents, comment iels s’approvisionnent en nourriture ? Qu’en est-il des personnes bénéficiant d’une pension d’invalidité qui [ne reçoivent pas assez pour] survivre, et doivent compter sur les banques alimentaires […]. Si nous devons parler de de la libération, en tant que femme transgenre au cours du mois de la femme, nous devons vraiment parler de loger et nourrir les personnes trans, tout le monde, vraiment, parce qu’on ne peut pas élever une partie de la communauté sans élever les autres. Nous devons tous travailler de cette façon ».

« Et, je voudrais ajouter, des droits pour les personnes bispirituelles puisque nous sommes sur des des terres autochtones volées. Je ne voudrais pas laisser cela de côté, nous devons aussi trouver des moyens d’utiliser nos languages et nos ressources pour les soutenir. Surtout ici, en Colombie-Britannique, où tant de la population du DTES, et non logée, est autochtone des Premières Nations. Et combien de celleux-ci s’identifient soit comme trans, soit comme bispirituel.le. Je voulais clarifier les choses parce que je suis sensible à l’attitude colonialiste qui consiste à utiliser les termes trans et cis comme une sorte d’idéologie primaire, ou la langue que nous utilisons, et je garde à l’esprit que cela fait partie du déballage de mon colonialisme en m’assurant que je n’efface pas les personnes bispirituelles. Elle ajoute que déballer le colonialisme est “un processus d’apprentissage et nous devons en quelque sorte réévaluer chaque jour et dire ok comment je peux être mieux, qu’est-ce que j’apprends, et c’est juste un processus de croissance. Vous savez, il y a dix ans, je vivais en bénéficiant du privilège de l’homme cis hétérosexuel blanc, et ces dix dernières années ont bouleversé ma vie et ma perspective, et même maintenant […] il y a tant à apprendre et à grandir et nous devons reconnaître ces choses [et nous demander] “comment puis-je devenir une meilleure personne?” »

Lorsqu’on l’interroge sur la différence de son expérience du monde depuis son coming out,  Banks dit qu’après avoir commencé à vivre en tant que femme, elle a connu “une énorme baisse de ses revenus” en tant que photographe de mariage. Elle dit qu’au début, elle a perçu des cas comme celui-ci comme résultats de la transphobie, mais qu’au fil des ans, elle a estimé qu’ils pourraient aussi être liés à la misogynie. “et maintenant je comprends mes amies et mes ex-copines et je sens cette pression écrasante de la misogynie. Et je pense à cette fois où une ex-partenaire me parlait de cette misogynie, et je me disais : « Oh, laisse tomber, on regarde un film, passons une bonne nuit ». Et des années plus tard, nous parlions de cela, et j’ai réalisé “je comprends maintenant” parce que pour moi, dans le temps c’était comme « Oh ok, un mec était un connard, [juron] » et ensuite je me suis dit : “Oh non, je comprends maintenant”, parce que c’est comme une vie entière de cette constante oppression et misogynie, et puis tout d’un coup, ça a du sens pour moi, genre, oui [juron] ça ! C’est si fatigant quand ce n’est pas un cas isolé, et comprendre ce poids de dire « je suis si fatiguée, en tant que femme trans, que tout soit si difficile », et tellement de [non-sens] et tant de choses auxquelles je n’avais pas à penser avant et comment ce poids commence vraiment à vous peser ».

Banks ajoute : « Je pense que des années plus tard, j’y ai pensé aussi et j’étais dans un [mauvais] moment, je donnait une énergie horrible à tout le monde aussi, j’étais en colère. Et une partie de ça n’était peut-être pas de la transphobie, mais le fait de ne plus avoir ce privilège de l’homme blanc hétéro… Il est évident qu’il y avait la transphobie, mais c’est plus complexe que cela, plus nuancé ». Elle dit que pour une partie de ces cas, « c’est simplement parce que je n’avais pas ces privilèges que j’ai pris pour acquis auparavant et dont je n’était même pas vraiment consciente ».

Banks souligne la nécessité d’adopter une approche intersectionnelle aux droits de la femme et au féminisme. Citant les problèmes liés à l’écart salarial, à la garde d’enfants, elle rappelle que les femmes noires, par exemple, ont tendance à gagner moins que les femmes blanches. « Nous devons être attentifs à ces intersections ».

Elle suggère de créer des espaces pour les personnes qui ne sont pas des hommes, incluant les personnes non binaires. “Je pense que beaucoup de gens sont laissés pour compte dans ce féminisme cisgenre hétéro blanc. Il doit y avoir beaucoup plus d’intersectionnalité dans le féminisme, et peut-être aussi dans le mois de la femme. Je veux être très claire que les femmes méritent des droits. Je suggère simplement d’étendre [l’inclusion]. Parce que je trouve aussi qu’il est limitatif dans ce genre de contexte”. Selon elle, il est important d’inclure les femmes trans, mais d’avoir une définition binaire des droits des femmes fait en sorte qu’ « on manque aussi beaucoup de choses dans tout cela ». Elle ajoute qu’il y a “tant de complexités” à l’identité de genre et comment une personne pourrait s’identifier, et que nous manquons du langage et de la terminologie pour beaucoup de choses. « C’est toute cette pensée binaire. C’est si étroit. Ce n’est pas seulement que les femmes sont moins bien payées que les hommes parce que beaucoup d’autres femmes gagnent moins d’argent que les femmes cisgenres blanches, et puis l’économie pour les femmes trans. Il y a tant de complexités dans tout […] on ne peut pas vraiment le voir comme binaire ou en noir et blanc ».

https://iwda.org.au/what-does-intersectional-feminism-actually-mean/

« Et je dirais même qu’une grande partie de l’aide aux femmes dans la société serait de décriminaliser le travail du sexe ».

Article par Luca Sarmiento


Sophia Banks, who is a chef by trade, currently works for an organization in Vancouver called Raincity as a cook preparing meals for residents. She says she enjoys the organization and the work she does there: “I take way more passion in making food for people who are dealing with mental health issues, addictions, and are in transitional housing and just kind of getting off the street sort of thing”. She adds that she finds it really rewarding to do something to help people who appreciate it. “And with covid, so much of the world collapsed and it’s really good to feel that you’re being part of something useful.”

The organization serves all kinds of people, but according to Banks there is also a high percentage of trans people, a fact that she says is “inevitable when you’re working with people and getting them off the street”. Operating in a harm reduction model, the organization also offers injection sites and has a unit specifically for sex workers.

When asked about how covid has affected her work, and how the pandemic has affected poverty and addiction issues, she says “It’s absolutely been brutal, [residents] aren’t necessarily wearing masks. There’s nothing we can do about that, it’s part of the organization’s philosophy. We’re not gonna deny them food or anything like that. So we definitely have issues with covid outbreaks in these places, just for the lack of social isolation. So it does happen, and I knew the risks going into it, […] but fortunately not many of the staff got infected so far, and Vancouver did prioritize vaccinating residents in the Downtown Eastside Vancouver (DTES) and in our systems. So I was also vaccinated with that, so I do think that’s great that there was a priority on getting these people who are more vulnerable vaccinated […] I think we’re really failing to help people in communities that are more at risk, and just frontline essential workers like retail workers, and the grocery workers, who have gone from hero to [being the] the last to get vaccinated for the most part.”

She adds that the organization has a high percentage of trans sex workers, and has a facility in DTES for sex workers, and that “a big percentage of [sex workers] would be trans-identified women”

Banks emphasizes the importance of decriminalization and reducing stigma around sex work. She says that she’s unsure if sex workers are doing more “street-based work now because of covid related restrictions [among others], but definitely it’s still there, people aren’t gonna stop. That’s just the reality of it, they need to pay bills, and people are gonna seek out their services and we need so much more focus on decriminalization. [We could have rapid testing], and it just would make more sense in so many levels to decriminalize this, and protect everyone involved because there’s nothing morally ethically wrong with it, and it’s really shameful how we cast people aside into this sort of role and so many trans sex workers end up doing survival work and unable to get work because of discrimination.”

She adds that a percentage of people in their system are trans and sex workers, and use drugs regularly as well “because let’s face reality is a lot of people are there because of trauma and lack of support when they were younger. […] it’s the bottom, you just fall through all the cracks. And you’re likely suffering with a lot of trauma from a lot of abuse.”

The pandemic had an important impact on people in situations of homelessness, who often face mistreatment and dehumanization from other members of their communities. Banks states that “the situation escalated with the pandemic, and we’re seeing the fall out, [in] cities like Montreal, Halifax, Toronto, Vancouver, coast to coast literally, of these growing populations of people being forced to live in a tent, and live in parks, and then this community backlash against that, and this sort of aggressiveness towards them, and dehumanization. [They say] ‘We’ll get them out and put them somewhere!’ Well where […] are you gonna put them? […] It’s so frustrating, because [many people say] ‘I don’t want them in my community! But they can’t be in the park either!’ Well, where do you want people to go? […] the reality is that these people are part of your community.”

She says that “[It seems like] people wanna pretend they live these little fancy lives, but there’s drug users all around you, you know, and people with mental health issues, whether they have an apartment or whether they’re homeless. We need to really remember that these people are human and they have probably been through a lot of trauma and they deserve compassion, and not this shunning.” She continues by addressing the “needles in the park” argument, which she says she’s been hearing since the 1980s; “yeah true, and safe injection sites prevent that, and help with that problem, […] and help with the people not overdosing, especially in the crisis now in Canada. Safe injection sites keep your neighborhoods cleaner. Cause the reality is that these people are gonna be there anyways, so why not make sure there’s less needles in the park, why not make sure they have support, and help, and can maybe get into rehab, or whatever it is that they need. And obviously what we really need too is safe supply”

“And, I would like to add, rights for two-spirited people since we are on stolen indigenous land. I wouldn’t want to leave that out, we also have to find ways to use our languages and resources to support them. Especially out here in BC where so much of the population in the DTES, and unhoused, is indigenous First Nation. And how many of those are either identifying as trans or two-spirit. I wanted to clarify because I’m worried about that colonialism of using trans and cis as the sort of ideology of it, or the language that we use and keeping in mind that that’s part of unpacking my colonialism and making sure I’m not erasing two-spirit people.” She adds that unpacking colonialism is “a learning process and we kind of have to re-evaluate everyday and say ok how can be better, what am I learning, and it’s just a process of growth. You know like ten years ago I was living straight while cis man privilege, and it’s just been ten years that have rocked my life and perspective, and even now […] there’s so much to learn and grow everyday and we need to acknowledge these things [and ask ourselves] ‘how do I become a better person?’ ”

Banks adds “I think years later I thought about it too and I was in a [bad] space, I was giving a horrible energy to everyone too, I was angry. And some of it maybe wasn’t transphobia, but just no longer having that straight white man privilege…Obviously there was transphobia, but it was more complex than that, more nuanced.” She says that for part of those instances, “it was simply just not having those privileges that I took for granted before and was not even really aware of.”

Banks emphasizes the need to take an intersectional approach to women’s rights and feminism. Citing issues with the wage gap, childcare, she reminds us that black women, for example, tend to make less than white women. “We need to be mindful of these intersections”

She suggests creating spaces for people who aren’t men, including nonbinary people. “I think so many people get left out of white cishet feminism. There needs to be much more intersectionality in feminism, and maybe also in women’s month. I’m very much being clear that women do deserve rights. I’m just simply suggesting expanding it. Cause I also find it limiting in this sort of context”. She says that it’s important to include trans women, but by having a binary definition of women’s rights “we’re also missing so much stuff in all of this”. She adds that there are “so many complexities” to gender identity and how one might identify themselves, and that we lack the language and terminology for a lot of things. “It’s all this binary thinking. It’s so narrow. It’s not just about women getting paid less than men because so many other women make less money than cis white women, and the economy for trans women. There’s so many complexities to everything […] you can’t really see it as binary or black and white”

“And I would even say a big part of helping women in society would be decriminalizing sex work”

Article by Luca Sarmiento

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