Alexandrine et le spectre de l’aromantisme



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Alexandrine et le spectre de l’aromantisme

J’ai découvert l’aromantisme, et par le fait même mon aromantisme, durant la dernière année, à mes 23 ans seulement. Je fais partie des spectres aromantique et asexuelle, de son petit nom aro/ace. Plus précisément, je m’identifie comme gray-pan-romantique asexuelle. Asexuelle signifie que je ne ressens pas d’attirance sexuelle envers personne, pan signifiant que je suis attiré par une personne peu importe son genre, et l’aromantisme signifiant ne pas ressentir d’attirance amoureuse envers personne. L’aromantisme, tout comme l’asexualité, se retrouve sur un spectre ; il y a plusieurs manières de ressentir son aromantisme. Je m’identifie comme grayromantique, puisque je me considère dans une « zone grise ». Il m’arrive de ressentir une attirance romantique, mais pour moi, ça me prend beaucoup de temps et ça ne survient pas très fréquemment. Je pense que je peux compter le nombre de crush total que j’ai eu sur les doigts d’une main. Ayant été une bonne partie de ma vie célibataire, je me suis souvent fait demander si je n’avais pas envi d’être en couple. Ma réponse a toujours été non. Oui, je suis bien à être dans une relation amoureuse, mais je suis tout autant bien célibataire. Je n’ai jamais eu envi d’utiliser des sites de rencontre pour fréquenter d’autres personnes, je n’ai jamais voulu « chercher » à être en couple, je n’ai jamais ressenti le besoin d’être en couple, parce que je suis tout simplement bien célibataire. Mais ça ne m’empêche pas de tomber en amour avec d’autres personnes, c’est tout simplement moins fréquent et ce n’est pas central dans ma vie de « trouver l’amour ».

 J’ai entendu parler d’asexualité pour la première fois autour de mes 17-18 ans, si je me souviens bien. Et encore là, ce n’était qu’une image stéréotypée de l’asexualité d’une personne qui n’aime pas le sexe, ou même qui en a peur. Bref, ça ne me correspondait pas vraiment. Ce n’est que quelque année plus tard, à mes 23 ans, après quelques mois de questionnement que j’ai fait de plus amples recherches sur l’asexualité et finalement réalisé que c’était exactement mon orientation sexuelle. C’est via mes recherches sur l’asexualité que j’ai entendu parler de l’aromatisme pour la première fois.

L’aromantisme est une orientation assez méconnue et extrêmement peu représentée, il n’est donc pas rare qu’une personne aromantique découvre son orientation que dans la vingtaine ou trentaine, ou même plus tard dans sa vie. Il faut bien comprendre qu’il y a différents types d’orientation et c’est en apprenant sur ces différents types que ça m’a aidé à comprendre mon orientation sur le spectre aro/ace. La société occidentale dans laquelle nous vivons met beaucoup d’emphase sur la sexualité. Nous grandissons en apprenant que l’attirance sexuelle est centrale ; par exemple, il n’est pas rare de ne nommer l’attirance sexuelle qu’attirance. Point. Mais il est très important de distinguer l’attirance sexuelle des autres types attirances, surtout pour la communauté aro/ace parce que ça porte beaucoup à confusion. Il y a l’attirance sexuelle, romantique, esthétique, sensuelle et platonique. Ainsi, il est plus facile de voir qu’il est possible de n’être qu’asexuelle sans être aromantique et vice-versa, que notre orientation sexuelle peut être différente de notre orientation romantique et que le sexe n’est pas nécessaire pour qu’une relation amoureuse fonctionne bien, et vice-versa. Toute ces distinctions ont été nécessaire durant mon questionnement pour m’amener à comprendre mes identités.

C’est difficile d’être aro/ace dans la société actuelle qui est hypersexualisé. Ça peut être difficile de se sentir normal de temps à autres parce qu’on ne répond pas aux critères demandés par la société, on ne correspond pas aux attentes des gens. Même à l’intérieur de la communauté LGBTQ+, l’hypersexualisation est présente et la communauté aro/ace peut se sentir souvent marginalisée. Alors que l’asexualité et l’aromantisme sont tout à fait valide dans la communauté ; le « A » est bien présent dans l’acronyme LGBTQIA2S+.

Les gens ne connaissent pas vraiment l’aromantisme. Même moi, je ne l’ai appris qu’en creusant dans mes recherches sur l’asexualité. Les gens sont portés à croire que si tu es aromantique, tu es nécessairement asexuel, puisque comme je le disais plus tôt, l’orientation sexuelle et romantique ne sont perçu comme n’étant qu’une seule attirance. C’est tout à fait possible qu’une personne soit aromantique et asexuelle, mais ce n’est pas toujours le cas. Il y a aussi les stéréotypes comme quoi les personnes aromantiques ne sont pas capables d’aimer, alors que c’est complètement faux. Ou que tu vas finir ta vie toute seule avec plein de chats, d’une manière péjorative (personnellement je ne vois pas ce qu’il y a de mal là-dedans et pourquoi c’est péjoratif).

Selon moi, une des raisons pourquoi l’asexualité et l’aromantisme sont aussi peu connu, autre qu’à cause de l’hypersexualisation, c’est le peu de représentation dans les médias. Il n’y a que très peu de représentations asexuelles, je pense que ça peut se compter sur les doigts des mains. Une de ces représentations qui est plus connue est le personnage de Jughead Jones dans la bande dessinée Archie Comics qui est asexuel et aromantique, mais encore, dans la dernière adaptation télévisé Riverdale, les producteur·trice·s l’ont présenté comme étant hétérosexuel. D’autant plus que cette série télé se veut plus inclusive de la diversité sexuelle et met de l’avant la communauté LGBTQ+, à l’exception encore une fois de l’asexualité et de l’aromantisme, malgré un personnage déjà existant ; ça peut être assez frustrant.

Le manque de représentation peut avoir plusieurs effets. Puisque ce ne sont pas beaucoup de personne qui savent que l’aromantisme existe, les stéréotypes et préjugés sont très présents. Puis, les personnes aromantiques ont beaucoup de difficulté à trouver rapidement leur orientation, comparativement aux autres personnes, parce que c’est trop méconnu ; ayant souvent comme effet de se sentir anormal.

Bref, je suis très fière d’être aromantique et je vis très bien avec mon orientation. Par contre, je trouve ça dommage qu’il y ait un grand retard par rapport au reste de la communauté LGBTQ+. J’aurais vraiment aimé connaître cette orientation plus tôt dans ma vie pour éviter d’essayer de me conformer à l’hétérosexualité et l’hétéroromantisme. Mais depuis que je le sais, je me sens beaucoup mieux !

Alexandrine Nadeau
[ael, iel, elle – accords neutres ou féminins]

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